Colette Daviles-Estinès


Odeurs baoulées


C’était un matin de France
un peu gris, un peu tiède
un peu moite
un peu bleu de ce bleu
dont sont faits les arbres
Avec toi, l’Afrique soudain accessible
à l’odeur d’un plein colis de fruits
et la bouffée d’air froid échappée des valises
et qui sentait l’avion
le bois d’iroko et de fraké
les grains d’un kissoro
Je joue et je rejoue sans fin
la même partie recommencée







Née au Vietnam, grandie en Afrique, Colette Daviles-Estinès a été longtemps paysanne. Elle puise son inspiration dans un sentiment de perpétuel exil. Nombre de ses textes ont été publiés à La BarbacaneLe Capital des MotsLa Cause littéraireUn certain regardRevue 17 secondesCe qui restePaysages écritsLe Journal des poètesÉcrit(s) du NordNouveaux délitsComme en poésieVersoLa Toile de l'un.... Après Allant vers et autres escales (l’Aigrette, 2016), viennent de paraître successivement L'Or saisons (éditions Tipaza, mai 2018) et Matrie (éditions Henry, septembre 2018). Voir son site : http://voletsouvers.ovh. Présente sans exception dans tous les n° de Lichen depuis l’origine.

5 commentaires:

  1. j'ai vu le bleu, écouté cette chanson venue de loin, merci Colette....

    RépondreSupprimer
  2. Vous ravivez des souvenirs enfouis...Enfant, après le car de Fès à Salé, le soukh, bouffées de terre surchauffée, fruits trop mûrs, charbon et cuir, épices nouées, violentes et que je sens toujours, qui restent.

    RépondreSupprimer
  3. Mes tableaux d'enfance sont moins épicés, moins exotiques, mais tout aussi ancrés.
    J'avais écrit, peut-être même dans Lichen: Si tu vois l'arbre bleu, tu entres dans la forêt de mes songes. Tu nous apprends qu'ils sont fait de bleu,je ne m'étais donc pas trompé et je ne suis donc pas seul dans cette forêt.

    RépondreSupprimer
  4. "la bouffée d’air froid échappée des valises
    et qui sentait l’avion " - merci pour ce poème, Colette.

    RépondreSupprimer
  5. Toujours ce même bonheur de vous lire, impression de dépaysement et de beauté.

    RépondreSupprimer