Daniel Birnbaum


Un trajet ordinaire

Elle monte dans le bus
tout de suite
son regard cherche les fenêtres
pour ne fixer personne
ne pas attirer l’attention
bien faire voir
qu’on ne s’intéresse à personne
regarder dehors
pour ne pas être vue dedans
ne pas parler
ne rien entendre
ne pas sourire
rentrer la tête dans les épaules
fermer les yeux s’il faut
faire semblant de dormir
rester sur ses gardes
rester sur ses gardes aussi
pour ne pas rater l’arrêt
faire attention à ne pas bousculer
en descendant
un trajet ordinaire
vingt minutes
à tenter de ne plus exister.










Travaillant à Marseille, Daniel Birnbaum a publié des textes dans plusieurs revues et ouvrages collectifs, et récemment deux recueils de poèmes : L'espace commence au bord de la fenêtre (éditions Alcyone), et Les années Creuse (éditions Jacques Flament). Présent dans les n° 7, 12, 13, 25 et 26 de Lichen.


2 commentaires:

  1. Pathético-empathique, votre poème qui se modèle à son sujet, semblant lisse mais parcouru d'une tension relationnelle riche en creux, et discret finement jusqu'à associer, émouvoir. Merci à vous!

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  2. Le trajet ordinaire d'une solitude ordinaire, pourquoi ne pas oser croiser un regard la prochaine fois ?

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