Didier Gambert


Enfances

Et moi seigneur régnant d’un jardin de lumière fraîche et verte
Payer sujets en monnaie de pape
Frappée au bord du chemin
Régnant seigneur d’une bambouseraie tendue à l’occident
D’un domaine clos
Où l’orage souvent roulait des barriques
Dans ses greniers à ciel

Qu’étiez-vous jeune fille d’orient qui cherchiez
Trésors dans la terre brune
Pas de discord alors âge muet des déluges obscurs et bleus
Murets de pierre sèche était-ce
Chicots de maisons où clôture de jardins à orties
Chélidoines et pensées sauvages face à la maison des morts
À tous les vents offerte
Où n’entrer qu’en tremblant
Car
Calèches et carrosses funéraires
Ô maison de la mort et des commencements sans porte ni fenêtre
Habitée par des vivants quel étonnement

Morts masqués









Né en 1963, Didier Gambert est spécialiste de littérature du XVIIIe (thèse soutenue en 2008, publiée en 2012 chez Champion) et a publié quelques ouvrages dans ce domaine. Il a d’abord pratiqué l’écriture poétique de manière intermittente, puis de façon très régulière ces dernières années. Certains de ses textes ont illustré une exposition de photographies de Bérénice Delvert, intitulée Métaphysique de l’Océan (La Grange aux arts, Champniers, près d’Angoulême). Ce poème est extrait du recueil inédit Le Grand Discord. Présent dans les n°s 17, 18 et 19 de Lichen.

3 commentaires:

  1. C'est absolument cela,
    c'est absolument beau, bien écrit
    jusqu'aux chicots de maisons ornés d'orties.
    Nous avons dû partager cette enfance, ce regard sur les lieux.

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    1. La même enfance... Il suffit d'un village très ancien, de très vieilles gens, de jardins en ruine, d'être presque seul enfant, et d'être libre, libre dans ce domaine... Peut-être était ce cela..

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    2. oui, avec des truites

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