Quand enfin
Lire pour
retrouver, guider la vie en soi au sein de ces montagnes qui m'entourent, au
cœur même du cœur de Giono et de ces vies qu'il ranime avec lui. Je suis
étreint par une multitude de forces qui n'en font qu'une. Je suis la roche
même, millénaire, la poitrine douloureuse, je suis immobile mais je vois tout,
l'herbe qui court, le vent qui poursuit les étoiles et les pousse plus profond
dans le ciel. Oui tout est de plus en plus profond, insondable, les pas des
hommes enfoncés eux aussi dans la terre avec les feuilles mortes des saisons,
les bêtes, les bêtes et encore les bêtes et toujours elles si différentes et
fuyant sans cesse devant notre vie. Toute cette solitude de l'âme des bêtes. Et
la nôtre qui est celle de l'âme de toutes les bêtes plus les larmes...
Un jour le
silence et la terre sèche, notre vie dans le grand précipice sans que jamais
nous ne nous brisions, un jour la chevelure tant recherchée, l'espoir et
l'humiliation réunis et enfin anéantis. Un jour être enfin souvenir qui
s'apaise et ne nourrit qu'un sourire et la paix des fleurs de l'aube. Un jour
miel de rosée, abeille sur le dos d'une main et notre reflet dispersé dans ses
mille yeux et le vent dans ma bouche ouverte et ce chant de moi enfin reconnu.
Quand enfin
je ne saurai plus...
Homme de plume(s) et
d'images, El Raya écrit « comme un
caillou jeté au fond de l'eau ! » Présent dans les n° 1, 2, 3 de Lichen.
El Raya, pour l'instant je n'ai pas de commentaire pertinent, car je suis encore transportée par ce que je viens de lire. Je crois que ce soir je vais aller dans le jardin et essayer de devenir une roche (ça tombe bien, il pleut).
RépondreSupprimerDe la pure poésie, une voix qui emporte et fait écho.
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