Fabrice Lacroix


Je sais de vos mains nues les astres immobiles…

Je sais de vos mains nues les astres immobiles, le feulement des ombres, l’harfang des neiges et de vos chevilles, le cerf sur sa voie tellement beau dans son agonie de marbre et tout fiévreux et de vos chevilles nues, liseron et linge blanc d’épousée, violenteurs d’âmes, de ruisseaux et royales fougères. Je sais de vos chevilles nues le grand corps des âmes mortes, le grand corps des orages et de vos mains nues et poignets, je dis le cilice, la bure et le ventre des hermines blanches au carême noir et trouble des plaines, des vallons et des vergers. Et encore de vos bras nus, je dis l’eau dure, les chevaux délicats dénudés, armés de neige et lumière. Ainsi, je sais vos jambes nues sous manteau d’hermine nous conviant aux plus violentes moissons. De vos pieds et chevilles, je dis les herbes lavées, la folle avoine au courant des paresses, l’arche nouvelle, la chapelle oubliée. Et encore je dis de vos chevilles nues, l’épée nue dans mes mains, le sang de la caille et l’hirondelle. Et aussi je sais la soutenance des splendeurs, héron cendré par les champs, par les prés de votre pied nu, lacustre. Ainsi, je sais aussi le haut blason échardé, couronne d’épines sainte, ardente et muette d’obscurité, liturgie à mes doigts de la ciselure sacrée et à mon foirail de ciel sa fine blessure. Et faisons fleurs et ronces aux vignes du Seigneur dans votre lit de femme suzeraine où nous dirons rêveries et rotrouenges pastourelles, car je dis encore vos failles, vos sanctuaires, vos lisières et vos haies, vos jachères, marcheuse nûment éclairée car je dis de votre Dit d’Amour, les volutes les bannières et chants de guerre, vol-ce-l’est, courtois plessis et tendres jardinets.












Vivant en Gascogne, Fabrice Lacroix participe à des salons du livre et propose des animations sur la poésie en milieu scolaire. Il publie depuis plus de trente ans des recueils de poésie. Son inspiration est puisée dans l'image idéalisée de la femme et dans la nature, deux sources qu’il aime intimement mêler. Ses auteurs de prédilection : Baudelaire, Char, Gustave Roud, Rilke, Appolinaire, Jouve, Amandine Marembert, et bien d'autres encore. Présent dans les n° 7, 8, 9, 10, 11, 12 et 19 de Lichen.

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