Franck Loiseau


Ton bras est retombé,
puis ton corps.
L'urine puis le bruit de l'urine.
Ta mâchoire ne tenait plus.
Ta chaleur encore là,
je t'ai prise dans mes bras.
Je te tiens encore.

°

Cracheuse de mots, ne te brûle pas.
Relâche ton masque, il te blesse sans que tu en souffres.
Dans ta bouche, l’alcool te saoule.
Remonte tes plus belles paroles avant que ton souffle se coupe.
Apprends à partir loin et revenir vite, ton art est dans tes retours.

Je veux garder ta douce chaleur.

°

Ta nuque, le bracelet coincé à ton bras et la marque qu'il laisse sur ta peau, le creux de ta cuisse, ton œil fatigué, tes eaux sur les draps, leur coulée sur tes cuisses et le bruit de leur chute sur le sol.
Ton rire retenu, ta voix grave, tes plaisirs, tes douceurs, ton souffle endormi, tes lectures berceuses.
Ton image, ta bouche, tes ongles rouges, ton espace, tes gestes brusques, le cercle de tes bras,  ton épaule à la hauteur de ma main.

°

— Il est tard, ton père n'est pas rentré.
— Il est mort il y a 20 ans ; regarde son gilet n'est plus dans l'armoire.
— Il aurait pu faire l'effort de rentrer plus tôt ce soir. Il sait bien que je l'attends.







Né en 1966 à Angers, Franck Loiseau passe son enfance sur les bords de la Loire. Fils d'ouvrier, l'école puis l'université  lui permettent de découvrir des mondes inconnus : l'écrit, la langue anglaise, son théâtre, sa poésie. Après un long séjour en Angleterre il devient enseignant d'anglais en France. Il s'autorise enfin à écrire. C’est sa première apparition dans Lichen.

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