Gaëlle Boulle


Contre-nuit

La nuit tamise l’instant du jour,
un point qui se parfait en toi,
au moment aveugle du silence.
Dans le dialogue découpé,
tu me dis : la nuit.

°

Elle s’incline

Le corps de l’être se dénue de sang ; il est le cadavre du mot qui n’a pas eu lieu.
Le nom qui le traverse le complique.
(comme un vide)
J’ai tué un visage.
La voix s’éloigne des mots.

°

J’oublie de détruire la ligne qui brise l’évidence de ton corps.
Qui ne saigne plus ?
Ne réponds pas à ce silence ; il est déjà mort.







Gaëlle Boulle écrit : « Je n'ai jamais su me présenter ; c'est pourquoi mon écriture, dans ses traits, me représente et me trace. Me trait-e-. Le vide et l’invisible qu'emprunte le corps, est mon thème. Plus prosaïquement, après de lointains voyages, et une formation d'anthropologue, puis d'autres voyages moins géographiques, je suis à ce jour psychanalyste à Amiens. » Présente dans le n° 23 de Lichen.

3 commentaires:

  1. Poésie profonde, sensible, aiguë. j'aime beaucoup.

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  2. Une poésie subtile qui se suffit à elle-même.

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  3. "Ne répond pas à ce silence ; il est déjà mort" Le poème est beau et la chute est magnifique...

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