Jacqueline L'heveder


À ma grand-mère

Un nom
Dans ma mémoire désormais confuse, comme jeté au papier d'une encre qui pâlit
Un bonheur
Si lointain que sa lueur perce l'ombre de ma vie comme lumière de janvier

De l'enfance je sens monter une odeur de rose délicate et douce
De poudre de riz et de narcisse
Des doigts effilés caressent mes cheveux
Ils courent, fines silhouettes, sur une nappe blanche traçant une broderie rouge
J'ai envie de revivre la tiédeur des soirs d'été remplis d'insouciantes phalènes qui se brûlent aux ampoules
De retrouver la douceur lisse des marches en pierre usée où nous nous attardions jusqu'à la nuit tombée
Les stupides pissenlits qui se dressent dans l'herbe verte dès le printemps

Un être
Pour me montrer ce qu'était la tendresse et en éclabousser mes souvenirs
Un être
Dont j'ai senti l'amour au point d'en capter l'éclat et de le garder
À jamais











Née en 1951, Jacqueline L'heveder habite à Aix en Provence. Ses premiers écrits datent de ses onze ans et elle n'a jamais cessé, en parallèle d'une activité de professeur de Lettres et d'une vie bien remplie. La poésie comme souffle, langage, exutoire, afin de capter le vivant si fugace, si riche et le goûter infiniment. Publications dans la revue Filigranes, dans Poezibao ; collaboration avec Patrick Guaffi, plasticien, pour Fragments autour d'un portrait. Présente dans le n° 21 de Lichen. 

1 commentaire:

  1. Un bel hommage où l'amour -partout présent- irrigue les vers d'une omniprésente lumière

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