L’Atelier du don de mots


Les textes obtenus avec les mots donnés

Ce mois-ci, cinq fidèles lichénien(ne)s m'ont rejoint pour participer à l'exercice. Je les en remercie chaleureusement ! Comme à l'habitude, leurs textes sont classés dans l'ordre d'arrivée sur la messagerie de Lichen. Nous avions reçu 32 mots (ou expressions) généreusement fournis par 17 lectrices et lecteurs. (G. de P.)



Et ("les premiers seront les derniers — et inversement —", disait je ne sais plus qui...) une petite dernière qui vient d'arriver... :  
Dans le vent trémulant, je me cadeaute et fête avec succès le ravage transcendant de mes fortifications. Fleurant le terpène et la fumée, je bois jusqu'à me noyer dans mes décombres et mes luxations oblitérées et je dérive, anoure et grivois. Je mange pour me souvenir des cucurbitacées supercalifragilisticexpialidocious superfétatoires. Et j'en ris à regret, mais avec faconde : oui il aurait fallu que je prenne la terre de haut pour léviter au-dessus des miradors coruscants.
(Annabelle Gral)


(sans titre)
Ça n’allait pas manger de cucurbitacées, ni le faire dériver de ravages en décombres sur l’ennui et le regret des succès dans le vent, ni même le noyer.
Il prendrait la terre près des fortifications aux miradors oblitérés de fumées de terpène.
Souvenez-vous ! D’une faconde de faux lévite à cadeauter tout trémulant le boire et le rire à fêter, il surmontait, malgré d’obscures luxations, le grivois coruscant des anoures
  en s’avouant qu’il aurait d’abord fallu saisir les trente-quatre lettres peut-être transcendantes mais ne fleurant pas la clarté de ce Supercalifragilisticexpialidocious ! 
(Clément G. S.)


Encore un peu de nostalgie.

« Hue ! Bijou, on va être en retard pour écouter Dans le Vent » ! *
L'émission « Dans le Vent », vous souvenez-vous ? Hubert et sa faconde. Les succès de 64 à 68.
D'accord, y'avait à boire et à manger mais jamais d'ennui, beaucoup de rires, jamais grivois. Ça fleurait bon la France dans la fumée de Gauloises, les surprises-parties, rarement transcendantes mais où la libération sexuelle faisait des ravages, loin des fortifications parentales ou du mirador du surveillant général. Ah ! Ça, nous n'étions pas anoures à cette époque, plutôt bien cadeautés côté cucurbitacées. Il aurait fallu nous émasculer ! 
Il dérive, dites-vous, il se noie dans les vapeurs de terpène, il fait une luxation littéraire trémulante ou bien se prend-il pour le lévite au service des décombres de radio cacochyme ? 
Elle fête donc les 50 ans de sa disparition, l'émission. Regrets éternels ! Prends la terre et jette-la sur son cercueil en murmurant « supercalifragilisticexpialidocious » avant qu'on l'oblitère et qu'elle disparaisse à jamais dans le coruscant infini ! 

[* C'était le gimmick d'entrée : sur un bruit de sabots de chevaux et de roues de charrette, un paysan disait cela d'une voix lasse. Puis démarrait Green Onions de Booker T. et les MG'S (à écouter sur YouTube). Quel plaisir Elisée de réentendre ce morceau oublié ! Merci les Lichéniens ! ] 
(Éric, rajeuni de 50 berges)


L'année dernière à Marin-land

Souvenez-vous ! Vous me trouvâtes tout trémulant et plein de fumée, dans le décombre des fortifications de Supercalifragilisticexpiadocious. Vous me prîtes illico pour un lévite qui se noie, alors que je n’étais affligé que d'une luxation du mirador. Il dérive, pensâtes-vous, et bien qu'il me paraisse grivois, je vais le cadeauter dans le vent. Alors qu'il aurait fallu oblitérer le cucurbitacée pour que le ravage de l'ennui se transforme sans regret en succès. Prend la terre, pensai-je...
Alors avec ma faconde habituelle, je la conviai à fêter, rire, manger, boire, fleurer bon le terpène... Me toisant alors, elle me qualifia d'anoure coruscant.  Pas transcendant !
(Paul Polaire)


Formules transcendantes

Qui invente des formules transcendantes
Pour transformer les cucurbitacées
Et transmuer l'ennui en succès ?

Oblitéré de faconde
Il aurait fallu
Rire boire et manger
Il aurait fallu
Fleurer et cadeauter
Pour fêter les ravages
Au lieu de les pleurer

Souvenez-vous
Des fortifications
Du mirador
Et des fumées

Souvenez-vous
Des récits grivois
Au passage d'une bête anoure
Trémulant traînant sa luxation
Dans les décombres

Il dérive
Celui qui se noie
Il prend la terre
Et veille ses regrets
Comme le lévite garde le temple
Il replonge dans son enfance
Supercalifragilisticexpialidocious
Pour passer au terpène
Ses désirs coruscants
Emportés dans le vent
(Marjorie Tixier)


En souvenir d’E.T.

Il aurait fallu oblitérer le mirador, les fortifications, la fumée. À présent, il dérive, peu s’en fallut qu’il ne se noie avec sa luxation ; et la voix, dans le vent : « Souvenez-vous, souvenez-vous… ». 
Sorti des décombres, constatant le ravage de la bombe au terpène, c’est sans regret qu’il prend la terre dans ses mains une dernière fois. Il attrape sa lévite fleurant le cucurbitacée, s’en couvre, et repart vers son Monde.
Certains soirs, transcendant son ennui, il mime, malgré son bras resté trémulant, ses succès dans l’Autre Monde. Il arrive qu’un voyageur de passage, voulant fêter son ancien exploit, le cadeaute d’un supercalifragislisticexpialidocious anoure. Alors il retrouve sa faconde, semble renouer avec le succès, devient même grivois, et il n’est plus question que de rireboire et manger sous le ciel coruscant des Mondes.
(Anaïk Simon, qui remercie M. Spielberg)


Supercalifragilisticexpialidocious !

Je suis au regret de vous signaler qu'il
aurait fallu, dans les décombres des fortifications, fêter la luxation.
Souvenez-vous : le coruscant lévite prit la terre, il
dériva et se noya en chantant (faux) et en riant...
C'était le jour du mirador : on cadeautait à
tout va, buvait, mangeait à gogo, j'aime autant vous
l'dire... Et si le grivois anoure usa en
vain sa faconde dans le vent transcendant de l'ennui,
c' était pour que son terpène fleure bon le
ravage trémulant des cucurbitacées sans oblitérer son succès de fumée.

[Contrainte utilisée : à la façon d'Ivar Ch'Vavar, il s'agit de faire alterner des vers de 9 mots et de 10 mots (ce poète étonnant et inventif a créé le vers "arithmonyme", préférant compter les mots plutôt que les syllabes).]

(G. de P.)

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