Le Golvan


Jours (encore d'autres extraits) 

Aucune dent perdue ne peut défigurer mon regard sur toi.

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Je te gronde à la mesure de ton âge et tu t'excuses en toute disproportion.

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Je suis plus dentellière à percer des jours dans notre trame sans horizon que brodeuse. Je travaille plus sur l'accommodement à l'aléa que sur un vaste projet ornemental. Il me semble, traversant les siècles, préparer ici, fil coupé, fil renoué, ton voile de femme d'esprit avec ce qui restera de nous. Ou bien mon linceul.

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Voilà vraiment longtemps que rien ne s'était écrit de nous, sinon à relire si peu de nous. L'air toujours nous célèbre.

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J'exige tellement moins de toi qu'au plus pesant de moi-même. Légers de voleter ensemble.

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À présent, je dois te demander longtemps une tendresse de notre part commune. Plus que jamais, il me faut l'art de tous les mots ensemble.

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Un baiser dans ton oreille et les aigus fusent à se perdre. C'est notre grand huit d'amour.

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La meilleure façon de coller nos têtes ; de tempe à tempe inversées, moi regardant le mur, toi l'éternité.










à Gien en 1971, Nicolas Le Golvan y enseigne le français. Ses travaux d'écriture touchent de nombreux domaines littéraires : il a publié trois romans, deux recueils de nouvelles, une pièce de théâtre, un recueil de poésie). Il participe également à plusieurs revues de création littéraire, dont Décharge, Dissonances, Squeeze, Inédit nouveau, Le cahier du Baratin, L’Ampoule, La Revue des ressources, Moebius, Incandescentes... Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Le_Golvan. Présent dans les n°s 7, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19 et 20 de Lichen.

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