Le Golvan


Jours (encore d'autres extraits) 


Tu me demandes quelle était au juste cette chanson de ton enfance, à moi qui ne sais rien garder vraiment, même à me relire ! De quelle tâche immense tu me charges en écho déjoué : d'être exact de toi à toi. Mais comment aurais-je pu ne rien écrire de toi ?

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Encore une phrase qui m'échappe le temps d'autre chose, et qui questionne le fond de nos jours, si anecdotiques ? Indemnes de ce qu'il y avait pourtant à en dire, mais aussi endeuillés. Je demeure indécis, entre leur poids qui leste au monde ou celui qui nous en libère.

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Mais je reste acharné comme on se sait fidèle à rien contre la mort inoubliable.

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Ton œil calé derrière une bulle de savon, vite tu appelles un regard éternel.

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Tu m'as dit vouloir caler les os de tes doigts dans les miens, si proches, si contre, si morts ensemble que je t'ai demandé de répéter, mais la formule en écho t'a surtout fait rire, au culot qu'ont les mots de se subsumer eux-mêmes, sans erreur de sens. Il fallait bien que tu écrives à ton tour. Sur notre ossuaire tendre.

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Tu me montres dans le ciel de novembre un carré parfait d'étourneaux géomètres, maintenant que tu sais lire le monde.






à Gien en 1971, Nicolas Le Golvan y enseigne le français. Ses travaux d'écriture touchent de nombreux domaines littéraires : il a publié trois romans, deux recueils de nouvelles, une pièce de théâtre, un recueil de poésie). Il participe également à plusieurs revues de création littéraire, dont Décharge, Dissonances, Squeeze, Inédit nouveau, Le cahier du Baratin, L’Ampoule, La Revue des ressources, Moebius, Incandescentes... Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Nicolas_Le_Golvan. Présent dans les n° 7, 10, 11, 12, 13, 14, 15, 16, 17, 18, 19 et 20 de Lichen.

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