Il va falloir rentrer les pots à fleurs,
les géraniums ont fané, il va faire froid les nuits prochaines. Il faudra se
résoudre à l'hiver à venir. Il faudra débusquer la paix. Surtout ne pas éventer
l’adresse, la garder en intime, car envahie elle perdrait ses degrés de
chaleur. Il faudra bien observer l’aube, quand elle donne la parole à l’arbre.
Il faudra savoir patienter pendant que la vigne mûrit ses fruits pour offrir,
la saison venue, ses meilleurs raisins. Il faudra en oublier des distances
confuses pour goûter le bonheur en douce par la porte toujours entrouverte. Il
faudra rester debout dans ce reflet de lumière et prolonger l’été dans la
maison toute habillée de tendresse. Il faudra tenir serré contre soi tous les
émois comme on serre le châle qui entoure les épaules d'une caresse en mohair
si fragile. Il faudra élaguer ce qui ne peut rester pour ne garder que la vie
qui vagabonde comme l’eau des ruisseaux qui s’en vient désaltérer les mille
petits bonheur. Il faudra se souvenir qu’apercevoir par la fenêtre la rosée du
matin reste l’instant le plus tendre qu’il nous soit donné pour s’apaiser. Il
faudra prendre du poème les mots et laisser le vent faire les semailles au gré
des saisons à venir.
Née en Bourgogne en
1960, Marie-Claire Chouard a vécu
toute son enfance en Afrique pour un retour en France en 1981. Elle vit
aujourd’hui en Seine-et-Marne. Elle ne vit pas de ses écrits et la poésie est
une vraie passion. Très jeune initiée à la Poésie par son père,
grand amateur de littérature, celle-ci fait partie de son univers. Femme
malentendante — ce qui parfois lui fait « aborder » les émotions, les sens et
les mots avec une façon bien particulière qui frôle l'intime comme un écho qui
peut résonner chez ses lecteurs —, elle écrit comme un besoin de raconter ses
émois. Elle n’a jamais cherché à être publiée, ni participé à aucun concours —
si ce n'est une fois au blog http://les807.blogspot.fr/ (pour une nouvelle), et une autre fois
au Radeau des Médusés, un blog consacré
au thème des migrants
(http://flnoel2.wixsite.com/100000migrants/single-post/2015/09/18/52-M-i-g-r-a-n-t-s). Lire
son blog « Écrire en vrac » : http://sebelikela.blogspot.fr/ (Sebelikela signifie « écrivain » en bambara,
langue parlée au « Malin » pays où elle a vécu les douze premières années de sa
vie). Présente dans le n° 21 de Lichen.
Magnifique, en surface et en profondeur. Ces phrases sont des mailles qui enserrent et ouvrent des dedans. Alors je vais vous "lire en vrac" ! ;-) Merci
RépondreSupprimerMerci de votre lecture.
SupprimerOui, très beau, et j'irai voir le blog pour en savoir plus.
RépondreSupprimerMerci à vous.
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