Martine Sénal


Inconsistances du nous

I

Du souffle nous avons creusé
le manteau des voyages à bouches d’éternité.
Le duvet de l’oiseau-lyre a tranché dans le ciel
une part de caveau.
Au creuset le mercure et la fonte.
Au ventre des nichées de bêtes enragées.

II

Du matin j’ai retiré le voyage
À dessein
J’ai ôté la sève
des rêves à vif

Viendra
la neige
— assourdissement — remuement —
— convulsions —
étale et profonde

Pesante
Lourde comme l’édredon des fatigues.

Plaintes sur le couteau
Ne sachant où est la plaie
Mesurer la corde

J’ai eu froid
Avant de biffer ma peau.










Pour se présenter, Martine Sénal écrit : « Comme tombée d’une rose de janvier et dès lors encombrée de discordances et de couacs, je saisis des mots pour assembler — ou res-sembler — les morceaux de cette cacophonie. La lier peut-être à une partition plus vaste. Bien que je ne puisse m’y soustraire, quel toupet cette prétention à façonner le chaos ! C’est la deuxième fois que je donne à lire mes textes. » C'est sa première apparition dans Lichen.

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