Pierre Beulin


Impressions

Le sourire fermé de La Joconde
Le cœur d’Ulysse piqué sur le tarmac
L’Arche confinée sur le mont Ararat
Le cri des vagues sur les récifs
Orphée retourné aux enfers
Et l’indifférence des nuages, des nuages 
La pâleur des rues désertes
La corde cassée du premier violon
L’oracle à rebours, le prophète aphone
Le chapiteau mâché du cirque abandonné
Le navire au mouillage, la vigie éborgnée
Et l’indifférence des nuages, des nuages
Le crépuscule en avance, l’aube incertaine
Le poids du silence sur la montagne
La grille cadenassée du labyrinthe
L’encrier renversé sur la toile du maître
Le petit roi congelé sous son trône de papier
Et l’indifférence des nuages, des nuages
La courte échelle en vain par-dessus l’horizon
L’innocent en sandales aux semelles de plomb
L’œil du cyclope sur la ville endormie
Le lilas en fleurs, le jardinier en cadence
Midi est insolence, la lune se balance
Et l’indifférence des nuages
À portée de main
Loin déjà




Né en 1952 dans le Bourbonnais, retraité de l'enseignement public, Pierre Beulin est buveur et vinificateur de poésie sans modération et en toutes circonstances. Présent dans les n° 17, 18, 19, 20, 23, 25, 26, 28, 29, 32, 33, 37, 39, 40, 46 de Lichen.


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